PORTRAITS

Ginette Mo’orea is all about the people we meet and friendships created over the years. In these series of interviews, we introduce you to personalities that are as different as they are solar. Locals, artists, craftsmen and lovers of French Polynesia...
 
  • President of the Polynesian Art Crafts Association and the Polynesian Art Jewelry Association. She is a wonderful craftswoman at the Pape'ete market and owner of Fauura Créations.

    Discover her interview.

  • From his years spent managing the Tetiaroa Marlon Brando hotel, Jean-Louis is now dedicated to managing Ginette Mo’orea. A true enthusiast of Polynesian craftsmanship, he is the ultimate guide to finding the most charming and authentic artisanal pieces.

    Discover his interview.

  • Owner of Manapearl.

    Interview coming soon.

Fauura Bouteau

Présidente de l’association de l’Artisanat d’art Polynésien et de l’association de la Bijouterie d’art Polynésien. Artisane au marché de Pape’ete.

“Je m’appelle Fauura, je travaille dans l’artisanat et le commerce, cependant le meilleur métier c’est d’être maman. J’ai trois enfants, six petits-enfants et un arrière petit fils.”

Ginette Mo’orea : Quelle est la particularité de l’artisanat de chaque île ? Et pourquoi ?

Fauura Bouteau : Pourquoi ? Pour vivre ! Les habitants des îles ont besoin de cet artisanat pour vivre et pour aider l’économie de chaque île. Les Marquises travaillent le bois et la pierre. Les Australes, la vannerie. Les Tuamotu, les coquillages... Parlons maintenant de Tahiti et des îles sous le vent (c’est-à-dire Raiatea, Huahine, Maupiti et Bora Bora). L’artisanat est récent dans ces îles. Maupiti par exemple, travaillent le coquillage et commencent à vivre de ça. À Bora Bora c’est le tourisme qui règne. L’artisanat à Tahiti c’est l’évolution, on transforme la nacre, on habille la vannerie, on modernise le Tifaifai... Et pourquoi ? Pour que l’on vive.

Mon artisanat à moi, je l’ai fait. J’ai habité 12 ans en France et à mon retour, j’ai remarqué que l’artisanat à Tahiti s’était un peu dégradé. Il y avait des colliers de coquillages c’était vulgaire, il n’y avait pas de finition. Personne ne leur disait qu’il devait avoir de la qualité dans ces choses là pour voyager. C’est alors que je me suis dit qu’il y avait quelque chose à faire et c’est comme ça que je me suis lancée dans l’artisanat.

GM : Y’a t’il un porte bonheur à ramener de Polynésie ? si oui lequel?

FB : C’est nous, notre gentillesse. Tout le monde me dit “qu’est ce que vous êtes gentils en Polynésie” alors je crois que c’est la chose à ramener avec vous, nous, pour ne pas nous oublier.

GM : Quel est pour toi le plus bel endroit de la Polynésie ?

FB : Tahiti et ses îles. Pourquoi ? Parce que quand je vais dans les îles, partout où je vais j’aime bien écouter les gens parler de leur île, ils aiment tellement leur île. Je les écoute et quand je reviens à Tahiti je pense à eux, ils sont coupés du monde mais ils aiment leur île.

Tahiti et ses îles sont les plus beaux endroits au monde.

GM : Ton plat préféré ?

FB : Ma réponse est un plat de mon enfance. Le poisson grillé sur le bois flotté.C’est un goût qu’on ne trouve pas partout. C’est un plat de mon enfance à Tautira dans mon village. Mon oncle avait un filet et attrapait des poissons. Il nous demandait de ramasser le bois flotté pour faire un feu et il embrochait les poissons dessus.

GM : Une chose à ne pas manquer ?

FB : Le Heiva, la fête. Il ne faut pas rater ça. Les gens sont beaux. Quand tu es polynésien, polynésienne, c’est à ne pas rater sur leur visage, tu vois qu’ils oublient tout en dansant.

GM : Quelle île t’inspire le plus ?

FB : Toutes les îles. Sinon il y a deux endroits à Tahiti les plus jolis c’est la Presqu'île côté Teahupoo où il y a le surf et côté Tautira. 

Pourquoi ? Parce que c’est tout vert. Il n’y a pas encore de maison dans les montagnes c’est vierge. Ça s’appelle Fenua aihere, c’est la terre qui est couverte de brousse, la verdure. C’est le plus bel endroit ici à Tahiti, sinon j’aime toutes les îles.

GM : Un des secrets le mieux gardé de ces îles ?

FB : La chose que l’on veut garder, c’est la magie, le mana. Je t’ai ramené une pierre gravée, celle-ci est le mana de chez moi, de mes ancêtres. C’est une pierre dans mon village qui est faite pour capter l’ennemi. Je la garde précieusement. L’histoire de mon village que je partage avec toi c’est la magie, le mana.

GM : Une chanson et/ou une odeur la plus représentative des îles ?

FB : C’est l’odeur de ma maman. Ça restera toute ma vie gravé en moi. Ma maman nous envoyait jusqu’à l’âge de 20 ans chercher des plantes, plus précisément des fleurs odorantes. Les fleurs dépendent des saisons. Par exemple, en ce moment il y a le gardénia tina, ylang ylang. Ma mère prenait un petit bout de chaque fleur, elle se faisait un bouquet et le dimanche pour aller à la messe, c’était son parfum. Le parfum est resté en moi jusqu’à aujourd’hui.

Les chants des Heiva. Ces chants lointains et lancinants me donnent la chair de poule.

GM : Pour toi, qui est la prochaine personne que nous devrions interviewer ?

FB : Un couple de jeunes qui fait de l’artisanat à Tahiti.